Un des principaux effets néfastes de l’élevage sur les sols est lié au surpâturage, c’est-à-dire le phénomène de surexploitation des ressources végétales dans certains territoires. Lorsque les animaux « broutent » de façon trop importante par rapport aux stocks d’herbe, les végétaux ont du mal à repousser car leur surface de feuilles devient limitée, ce qui limite le phénomène de photosynthèse qui permet d’apporter l’énergie à la plante. Cela incite la plante à puiser dans ses réserves et peut limiter la reconstitution des réserves par les plantes (surpâturage ou pâturage hivernal). Le surpâturage peut même induire la consommation par les animaux des organes de stockage des réserves des plantes. Le surpâturage s’accompagne parfois d’un effet de piétinement qui va tasser le sol et limiter encore la repousse des végétaux.
1. Le surpâturage dans le monde
Ce phénomène de surpâturage, contrairement à ce que l’on peut penser, n’apparait pas forcément dans des élevages avec un pâturage « intensif » : Dans le monde, il peut être observé par exemple en Mongolie, où une longue tradition d’élevage nomade persiste. Aujourd’hui le surpâturage est un vrai problème dans la steppe mongole[74] .
Dans les zones sèches notamment, le surpâturage peut faire partie des phénomènes accélérant la désertification[75]. Néanmoins, avec une gestion rigoureuse du pâturage, utilisant une rotation des parcelles pour imiter les mouvements des troupeaux dans la nature, l’élevage permet de restaurer des zones fragilisées : il devient alors un outil de restauration des sols (voir conférence TED d'Allan Savory ci-dessous).
2. Le surpâturage en France
De façon à optimiser l’utilisation de l’herbe et sa production, en limitant les problèmes de surpâturage, de nombreux éleveurs choisissent de mettre en place un pâturage tournant : les animaux changent de parcelle quand cette dernière a un niveau d’herbe disponible bas. Les animaux y reviendront quand l’herbe aura repoussé.
Pour éviter de dégrader les sols, on évite aussi de sortir les animaux quand les conditions ne sont pas réunies (quand les sols ne sont pas « portants » par exemple) : c'est pourquoi aussi on laisse les animaux en bâtiments à certaines périodes de l'année (en hiver par exemple).
Les animaux peuvent également abîmer les berges des cours d'eau lorsqu’ils les utilisent pour s’abreuver, les rendant plus instables et sensibles à l'érosion[76]. Néanmoins l’accès direct aux cours d’eau par les animaux est interdit dans de nombreuses régions françaises, de façon à les protéger [77-78].
Vidéo de la chaîne YouTube Agro Ecologie expliquant le concept et les bénéfices des pâtures tournantes. Une bonne gestion des pâturages permet d'éviter l'épuisement des sols.
74 Hilker, T., Natsagdorj, E., Waring, R. H., Lyapustin, A., & Wang, Y. (2014). Satellite observed widespread decline in Mongolian grasslands largely due to overgrazing. Global Change Biology, 20(2), 418-428.
75 Li, S. G., Harazono, Y., Oikawa, T., Zhao, H. L., He, Z. Y., & Chang, X. L. (2000). Grassland desertification by grazing and the resulting micrometeorological changes in Inner Mongolia. Agricultural and forest meteorology, 102(2-3), 125-137.
76 Batchelor, J. L., Ripple, W. J., Wilson, T. M., & Painter, L. E. 2015. Restoration of riparian areas following the removal of cattle in the northwestern Great Basin. Environmental Management, 55: 930–942.]
77 Par exemple : http://portail-bassins-versants.fr/IMG/pdf/fiche_abreuvement_oct2016.pdf 78 Exemple de mesure prise en seine maritime : http://dise.seine-maritime.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/11- 12_AP_RETOURNEMENT_DE_PRAIRIES_cle82fbce.pdf
Ressources :
Le problème de surpâturage des plaines mongoles est connu depuis 2013. Article de presse AFP paru dans 20Minutes (lien) |
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