En Europe, l'érosion hydrique entraîne la perte chaque année de 2,46 tonnes de terre par hectare (surfaces cultivées ou forêts) alors qu'il ne s'en forme que 1,4 t/ha/an[71].
L’effet de l’élevage sur l’érosion est favorable si l’on regarde les prairies et la diversification qu’il induit[72], mais défavorable dès lors qu’on considère les cultures annuelles que consomment les animaux[73] :
Extraits (page 43 et 44)
Prairies et haies
«La prairie protège les sols de l'érosion pluviale, grâce au maintien permanent d'un couvert végétal qui protège les sols de l'action érosive des gouttes de pluie et par l'évapotranspiration ; mais aussi par la porosité du sol qu'elle entraîne grâce à un développement racinaire important, ce qui permet une bonne infiltration des eaux de pluie et de ruissellement provenant de parcelles voisines. La haie bocagère est le second atout du bocage : située perpendiculairement à la pente, elle est un frein à l'écoulement et favorise le stockage de matières (organiques, sédimentaires…). Ainsi, il n'est pas rare de voir un atterrissement à l'amont d'une haie tel que la dénivelée amont/aval peut dépasser deux mètres.» | Cultures
«La sensibilité des parcelles cultivées au ruissellement érosif est particulièrement élevée pendant les périodes d'inter-cultures et au cours des premiers stades végétatifs des cultures en place, durant lesquels elles ne disposent d'aucune protection contre l’agressivité des pluies : aucun prélèvement en eau n'est assuré par la végétation encore insuffisamment développée, et le développement racinaire ne permet pas de recréer une porosité disparue sous l'effet du travail mécanique du sol pendant les semis. La sensibilité des sols est alors fonction des pluies qui, même de faible intensité, vont remplir graduellement la réserve utile des sols et/ou favoriser le développement d’une croûte de battance. » La croute de battance est la surface de terre endurcie par les impacts des gouttes de pluie, la rendant imperméable. |
Conséquences pour l'environnement
«Ce ruissellement érosif entraîne de nombreuses conséquences sociétales et environnementales. Elles sont d’autant plus importantes qu’un grand nombre d’espaces sont concernés et s’observent à trois échelles spatiales : sur les parcelles agricoles, dans les cours d’eau et aux exutoires des bassins versants. Sur les parcelles agricoles d’abord, la disparition du sol est considérée comme irréversible à l’échelle humaine puisqu'il faut cinquante ans pour former 1 cm de sol. Cette érosion est particulièrement impactante, parce qu’elle entraîne une diminution de la fertilité du sol. Souvent insidieuse car peu perceptible, l’érosion peut être notable en cas d’incision profonde du sol (ravines), qui entraînera à la fois une gêne immédiate pour le travail du sol par l’agriculteur mais aussi le départ des semis. Les particules de terre arrachées sur les parcelles agricoles peuvent ensuite être acheminées jusque dans les cours d'eau où elles vont dégrader la qualité des milieux aquatiques selon différents mécanismes. Tout d’abord en augmentant la turbidité de l'eau : les particules sédimentaires transportées en suspension dans l'eau vont réduire la pénétration de la lumière, avec des conséquences sur la qualité biologique des eaux de rivière. Ensuite, lorsqu'en fin de crue les débits diminuent, les particules ne peuvent plus être transportées et se déposent alors au fond de l'eau, colmatant les frayères. Les polluants, fixés sur les particules sédimentaires lors de leur épandage (herbicides, fongicides…), se retrouvent également dans les cours d'eau : une pollution locale initialement, car limitée aux parcelles traitées chimiquement, gagne ainsi tous les compartiments de l'hydrosystème. Enfin, aux exutoires des bassins versants, la concentration des écoulements chargés en particules de terre peut contribuer à la formation de crues turbides aux conséquences parfois dramatiques (coulées de boues, inondations…).» |
Illustration de la stabilité des mottes de terre non labourées par rapport à celles qui sont issues du labours. Cet exemple est inspiré des techniques de conservation des sols. Crédits : Michel Roesch sur Youtube
Bilan : les prairies couvrent la terre, qui n'est pas "nue". Les racines tiennent la terre en place. La biodiversité importante dans le sol (lombrics etc.) améliore la perméabilité du sol, et filtre les eaux de surface. L'herbe ralentit le mouvement de l'eau et limite l'érosion, ce qui empêche les pertes par ruissellement et favorise la recharge des nappes phréatiques. Les cultures sont plus sensibles aux phénomènes d’érosion, pour cela, les agriculteurs ont de plus en plus recours aux méthodes d’agriculture de conservation des sols
71 Panagos, P., Borrelli, P., Poesen, J., Ballabio, C., Lugato, E., Meusburger, K., ... & Alewell, C. (2015). The new assessment of soil loss by water erosion in Europe. Environmental science & policy, 54, 438- 447.
72 Franzluebbers, A.J.; Sawchik, J.; Taboada, M.A., 2014. Agronomic and environmental impacts of pasture-crop rotations in temperate North and South America. Agriculture Ecosystems & Environment, 190: 18- 26.
73 FAO, 2010. Challenges and opportunities for carbon sequestration in grassland system - A technical report on grassland management and climate change mitigation. Rome: FAO, 57 p
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