Publication de référence : GIS Sol [62] :
« Les matières organiques du sol se définissent "comme tout ce qui est vivant ou a été vivant dans le sol". Elles constituent le réservoir de carbone organique terrestre le plus important, devant la biomasse des végétaux. Le premier mètre des sols mondiaux stocke entre 1500 et 2400 milliards de tonnes de carbone organique. En France métropolitaine, les stocks dans la couche superficielle (0-30 cm) des sols sont évalués à environ 3,2 milliards de tonnes.
Ce carbone organique provient de la décomposition des végétaux ou d'apports de matière organique exogène (ex: effluents d'élevage). Les matières organiques du sol sont ensuite dégradées plus ou moins rapidement sous l’action des micro-organismes du sol en fonction des conditions du milieu (aération, humidité, localisation de la matière organique dans le sol, température, etc.), des usages et des pratiques agricoles (récoltes, gestion des résidus, etc.). Cette dégradation produit du CO2 qui est émis en retour dans l’atmosphère. Toute modification de l'équilibre entre apport et minéralisation entraîne une variation, positive ou négative, des stocks de carbone des sols. Ceux-ci peuvent donc constituer un puits ou une source de CO2 atmosphérique. Ainsi, la minéralisation des matières organiques du sol sous l’effet de changements d’occupation ou d’usage (déforestation, retournement de prairies, etc.) peut être à l’origine de flux très importants de CO2 vers l’atmosphère.
Par ailleurs, les matières organiques rendent de nombreux services environnementaux. Elles constituent l'alimentation des organismes vivants du sol. Elles adsorbent et contiennent de nombreux éléments qu'elles relâchent lors de leur dégradation : des nutriments pour les plantes mais aussi parfois des contaminants. Les matières organiques sont indispensables à la structure des sols et à leur stabilité vis-à-vis de la pluie. Ainsi, il est important de maintenir un stock pour maintenir la fertilité des sols mais aussi pour limiter les transferts d'éléments contaminants vers les milieux.»
La matière organique du sol, cycle et rôles. Crédits infographie : ALT
D’après GIS Sol, et http://www.supagro.fr/resspepites/AC/co/ImportanceMOS.html
Cette vidéo de la chaine YouTube Les Bons Profs explique comment la matière organique interagit avec le sol en formant des composés avec l'argile.
En résumé, un bon taux de matière organique dans le sol permet d’avoir un sol vivant, fertile, et résistant (à l’érosion notamment). L’élevage a un rôle important dans l’apport de matière organique au sol, grâce aux déjections des animaux sont apportée comme engrais au sol[63], soit directement lors du pâturage pour les animaux en plein air, soit par épandage lorsque le fumier ou lisier est stocké. Le compost et les résidus de cultures apportent également de la matière organique. Les déjections des animaux assurent un retour de la matière organique aux sols et permettent par exemple aux flores aérobies comme les champignons de la surface des sols de trouver un bon équilibre carbone/azote pour transformer les résidus des cultures en humus et en formes de carbone stable.
Les prairies utilisées pour l’alimentation des animaux d’élevage herbivores sont également des « puits de carbone », riches en matière organique (les prairies permanentes surtout). Elles ont un rôle important pour capter une partie des gaz à effet de serre émis (voir la partie « Compenser les émissions : Le stockage du carbone dans les sols »).
Et si on choisit plutôt un engrais minéral pour fertiliser ses parcelles ? Engrais chimique et engrais organique, quelle différence ? De manière indirecte, la fertilisation organique augmente, sur le long terme, le carbone organique du sol de 90 % par rapport à un sol non fertilisé et de 100 % par rapport à un sol recevant une fertilisation minérale chimique [64] .
La matière organique des sols, vidéo de conférence INRA à l'occasion de la 23ème édition des entretiens du Beaujolais |
[63] Haynes, R. J., & Naidu, R. (1998). Influence of lime, fertilizer and manure applications on soil organic matter content and soil physical conditions: a review. Nutrient cycling in agroecosystems, 51(2), 123-137. [64] Diacono, M.; Montemurro, F., 2010. Long-term effects of organic amendments on soil fertility. A review. Agronomy for Sustainable Development, 30 (2): 401-422. http://dx.doi.org/10.1051/agro/2009040
Ressources :
Rappel : En France, les territoires agricoles et les forêts reculent face à l'artificialisation des sols, voir le chapitre sur l'utilisation de surfaces agricoles
Pour aller + loin : Les matières organiques du sol,(édité par la Chambre d'agriculture d'Occitanie)
Pour aller + loin : La matière organique des sols et le stockage du carbone en France (statistiques du Ministère de la transition écologique et solidaire) (lien) |
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