1) Les matières premières utilisées dans l'alimentation animale
Les ruminants mangent surtout de l'herbe, les vaches laitières mangent également une proportion importante de maïs ensilage. Les monogastriques mangent plutôt des céréales et des tourteaux.
Une étude a été menée par l'Agreste en 2013, à partir de données sur la période 2007-2009, afin d'évaluer les quantités d'aliments dédiés à l'alimentation animale [14] :
"Les matières premières utilisées pour la nourriture des aliments de ferme dépassent, sur la période 2007-2009, cent millions de tonnes par an. Les fourrages grossiers en constituent la plus grande partie. Ils sont la nourriture de base des herbivores. Pour ceux-ci, les aliments concentrés ne sont qu’un apport supplémentaire alors qu’ils constituent l’ensemble de l’alimentation des porcs et des volailles. Parmi les aliments concentrés, les céréales arrivent en tête, suivies par les tourteaux. Plus de la moitié de l’alimentation concentrée est incorporée dans les aliments composés industriels, le reste étant acheté ou produit à la ferme."
Selon les systèmes, une partie plus ou moins importante de l’alimentation est produite sur l’élevage : elle est plutôt élevée pour les ruminants, mais variable chez les monogastriques, selon si l’élevage produit son aliment sur la ferme (FAF ou fabrication d'aliments à la ferme) ou bien si une entreprise lui fournit l'aliment (système intégré).
L' "AgriYoutubeurre" Etienne présente le régime alimentaire des vaches en France et dans son exploitation sarthoise
Aliments couramment donnés aux animaux d'élevage en France
Fourrages Herbe (pâturée, foin, ensilage) Maïs (plante entière ensilée) Légumineuses : Luzerne, trèfles, pois, fèveroles, lupins, lotiers Paille de céréales | Concentrés Céréales (blé, orge, triticale, maïs grain, …)
Graines de protéagineux/ oléagineux
Tourteaux (soja, colza, lin …)
Autres coproduits : pulpes de betteraves, drêches de brasserie … |
[14] Agreste, Synthèses Moyens de production : L’alimentation animale, principale destination des productions végétales, Synthèses n° 2013/208, 2013
A nuancer : L’élevage consomme certes en partie des produits non consommables par l'homme, mais sur des surfaces qui pourraient servir à produire des aliments pour l'homme.
Oui mais : 👉 C'est vrai pour une partie des aliments utilisés en alimentation animale, mais pas pour tout ! Une large partie des surfaces utilisées comme pâtures dans le monde sont des surfaces non cultivables (Voir le tableau de la FAO du chapitre III.2.2 Utilisation de surfaces agricoles)
👉 Les prairies implantées sur des terres cultivables ont des intérêts écologiques non négligeables (voir la partie « Des sols vivants et riches en biodiversité » ici). Transformer une prairie en zone de culture a pour effet de libérer la majorité du carbone stocké depuis son implantation, ce qui contribue au réchauffement climatique. Une prairie entretenue grâce au pâturage et amendée grâce aux déjections des animaux stockera plus de carbone. |
2) Les coproduits utilisés en alimentation animale
Les animaux d'élevage valorisent également des coproduits des cultures ou des industries agroalimentaires (qui sont produits en grande quantité puisque la population mange de plus en plus d'aliments transformés). Par exemple, lors de la production de céréales, l'homme consomme le grain mais pas la paille (la tige de la céréale) qui peut être consommée par les animaux, ou bien utilisée comme litière. L'industrie de l'huile utilise des graines d'oléoprotéagineux : une fois les graines pressées et l'huile extraite, les restes de la graine, qu'on appelle tourteau, sont appréciés pour l'alimentation animale pour leur richesse en protéines. La pulpe de betterave, produite lors de l’extraction du sucre, est également largement utilisée en élevage [15].
Les animaux participent donc activement à la lutte contre le gaspillage en convertissant des matériaux inutilisables directement par l'homme en aliments de haute valeur nutritionnelle.
Cependant, il faut aussi garder à l'esprit que de plus en plus souvent certains restes de cultures sont laissés au champ (de façon à protéger du sol et à l’enrichir en matière organique), et de nombreuses recherches sont en cours pour chercher à mieux valoriser ces coproduits chez l'homme.
Un tourteau particulier : le tourteau de soja
Le tourteau de soja était à la base un coproduit de la production d'huile de soja. Mais très vite, la demande pour l'alimentation animale est devenue telle qu'elle a doublé celle de l'huile, concurrencée par les autres huiles végétales. Aujourd'hui, la production de soja est donc surtout destinée à l'alimentation animale, en remplacement par exemple des farines de poissons dont la demande augmente également en aquaculture [16]. Depuis quelques années l'utilisation de tourteau de soja en alimentation animale est largement remise en question [17], car il est majoritairement importé du Brésil, d'Argentine et des USA, où il est produit dans des conditions sujettes à controverses (soja OGM avec utilisation importante de pesticides, déforestation pour étendre les surfaces cultivées, agriculteurs locaux chassés de leurs terres, monocultures intensives …).
Une filière soja française existe aujourd’hui, avec une production sans OGM [18] : il peut être possible de développer cette filière dans le futur (elle reste encore assez marginale aujourd’hui, en tout cas insuffisante pour remplacer le soja importé). |
[15] Chapoutot, P., Rouillé, B., Sauvant, D., & Renaud, B. (2018). Les coproduits de l’industrie agro-alimentaire: des ressources alimentaires de qualité à ne pas négliger. INRA Productions Animales, 31(3), 201-220.
[16] Steinfeld, H., Gerber, P., Wassenaar, T. D., Castel, V., & De Haan, C. (2006). Livestock's long shadow: environmental issues and options. Food & Agriculture Org.
[18] Le soja non OGM, une filière pleine d'avenir (article La dépêche)
L'alimentation des vaches françaises
Source : vidéo d'animation produite par le CNIEL (Centre national interprofessionnel de l'économie laitière)
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