Publication de référence : dossier « Quels sont les bénéfices et les limites d’une diminution de la consommation de viande ? » de l’INRA[1]
En France, la consommation moyenne de produits carnés (viandes de boucherie*, volailles, charcuteries, plats préparés...) est estimée à environ 820 g (dont 330 g de viandes de boucherie) par semaine et par habitant et celle des produits halieutiques (poissons et produits dérivés) à 250 g. La consommation d’œufs est estimée à 12 g/j par habitant et celle de produits laitiers à 200 g/j par habitant, incluant 150 g de lait et yaourts nature5 . Évidemment, cette moyenne est une donnée statistique qui ne traduit pas la grande disparité de consommation entre les non consommateurs (régime végétalien) et les gros consommateurs. Le Credoc (2013) rapporte que 37 % des Français consomment moins de 245 g de viandes de boucherie par semaine alors que 28 % d’entre eux en mangent plus de 500 g/semaine6 . * Viandes de boucherie : bœuf, porc (hors charcuterie), veau, agneau, cheval. Aussi désignées par "viandes rouges" ou "viandes hors volailles"
La consommation de viande bovine et ovine diminue de façon constante en France et en Europe depuis les années 1980 ; en revanche, celle des produits halieutiques** a augmenté. Enfin, si elle diminue dans toutes les catégories sociales, la consommation de viande reste plus forte chez les ouvriers que chez les cadres, indiquant, selon le Credoc[7] , qu’elle reste un marqueur social fort, mais qui a évolué : « aujourd’hui, cela fait bien de ne pas manger trop de viande, certains cadres s’en vantent, alors que c’était l’inverse il y a trente ans » (Pierre Combris, cité par Le Monde 6 septembre 2018). * La production halieutique est l'exploitation des ressources vivantes aquatiques. Elle regroupe les différents modes d'exploitation et de gestion (pêche, aquaculture) des espèces vivantes (végétales ou animales) exercés dans tous les milieux aquatiques (mer et eau douce) https://www.insee.fr/
Selon les données de Kantar Worldpanel[8] , en 2016 un tiers des foyers français comporte au moins un individu qui déclare avoir fortement réduit sa consommation de produits animaux notamment de viande, de charcuteries et de produits halieutiques, alors que le « veganisme », qui proscrit tout produit animal, est confidentiel (moins de 0,5 %).
Bilan et recommandations
En ce qui concerne les apports en protéines, les Français couvrent en moyenne largement leurs besoins quantitatifs en protéines[9) sans dépasser néanmoins la fourchette haute des recommandations. Les apports protéiques globaux pourraient donc être réduits en moyenne dans la population en veillant cependant à :
ne pas descendre sous le minimum recommandé et ce notamment pour les personnes âgées car si les apports moyens de la population âgée semblent correcte, au niveau des apports individuels plus d’un tiers des plus de 65 ans avaient en 2013 des apports en protéines inférieurs au 1g/kg de poids recommandés[10]
en veillant aussi à ne pas bouleverser l’équilibre par ailleurs en glucides et lipides et en veillant surtout à un apport global de protéines équilibrées en acides aminés. En effet, ces recommandations d’apports quantitatifs ont été définies en considérant un apport protéique équilibré en acides aminés de façon à couvrir les besoins en chacun des acides aminés dit indispensables car non synthétisés par l’organisme, ils doivent être apportés par l’alimentation[11] .
Enfin, en termes de répartition entre protéines d’origine végétale et animale, il est conseillé en France d’aller vers un équilibre 50-50.
Au regard de ces considérations, il est donc possible de diminuer notre consommation d’aliments sources de protéines animales, en veillant cependant à conserver une bonne diversité des sources protéiques, tant sur le plan de la qualité des protéines que de la qualité global des apports en nutriments de l’alimentation. En effet les produits animaux sont également d’importants contributeurs en certaines vitamines et minéraux présents en moindre quantité, moins voire absent des produits végétaux ou bien moins bien assimilés par l’organisme (moindre biodisponibilité).
C’est pourquoi l’exclusion des viandes et poissons du régime alimentaire (régime végétarien) demande d’appliquer consciencieusement certaines règles diététiques pour équilibrer le régime. L’exclusion totale des produits animaux (régime végétalien) est déconseillée d’un point de vue nutritionnel, et exige quant à elle une supplémentation en vitamine B12 et un suivi médical régulier pour ne pas induire de carences nutritionnelle (en fer, zinc, calcium, vitamine D, DHA…), et notamment pour les populations les plus à risque : femmes enceintes ou allaitantes, enfants, etc.[12]
5 Anses, Inca3 Evolution des habitudes et modes de consommation, de nouveaux enjeux en matière de sécurité sanitaire et de nutrition, 2014-2015
6 Duchêne, C., Lambert, J.L., Tavoularis, G., (2017). La consommation de viande en France, Cahiers nutrition du CIV, P39, d’après Credoc, enquête CCAF, 2013
7 Tavoularis, G., Sauvage, E., 2018. Les nouvelles générations transforment la consommation de viande. Consommation & modes de vie n°cmv300, Etude CREDOC.
8 Kantar (2016). Le « flexitarisme », une tendance en vogue
9 Anses, Inca3, 2014-2015
10 Duchêne, C., Lambert, J.L., Tavoularis, G., (2017). La consommation de viande en France, Cahiers nutrition du CIV, d’après Credoc, enquête CCAF, 2013
11 Dumas, C., Saul, C., & Bender, O. (2007). Apport en protéines: consommation, qualité, besoins et recommandations. Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA), 461.
12 Voir les recommandations du PNNS : Manger Bouger
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